Le dernier tango
6 février 1971. Elle danse et espère que ce sera son dernier tango. «Soumise pour le meilleur et pour le pire», ce sera de l’histoire ancienne. Demain, ils votent. Eux, qui ont tous les pouvoirs et tous les avantages, ils décident pour nous, pauvre moitié écrasée et déconsidérée. Ce soir, elle danse une dernière fois, sous la houlette de son mari. Demain, on lui donnera sa dignité, ses droits, sa place acquise après tant de sacrifices. Alors ce soir il fait doux, non la douceur d’une abnégation feinte, mais celle d’une victoire en gestation. Demain, elle dansera de joie et d’indépendance, elle sera elle pour elle-même et plus à travers lui. Demain, c’est le 7 février 1971, le jour où le sexe faible se fait une place sur le devant de la scène citoyenne helvétique.
Lise Michel est enseignante de français et d’histoire au CO de Jolimont, depuis onze ans. Elle a fait ses études à Fribourg et Florence dans les branches qu’elle enseigne. Mariée et mère de deux enfants, elle s’occupe de sa petite famille dans le village de Corminboeuf. Originaire de la Broye fribourgeoise, c’est à Estavayer-le-lac et à Font qu’elle a vécu ses premières vingt-cinq premières années. Entre la sieste des enfants et la préparation de ses cours, la jeune mère écrit pour le plaisir. Elle contribue au journal d’Estavayer: le Républicain, en y publiant des nouvelles toujours inspirées de faits réels et elle tient un blog où elle exprime des instantanés, impressions furtives, banales ou essentielles: lise11michel.blogspot.com